Démarche artistique, Marguerite Rolland

Quel que soit le domaine dans lequel il s’exerce, arts plastiques ou écriture, l’acte créatif est, en ce qui me concerne rarement spontané. Au contraire, il s’agit le plus souvent d’un long processus de germination : j’intériorise l’idée et je l’oublie. S’ensuit un travail souterrain dont je n’ai pas réellement conscience. De temps à autre cette idée affleure pour disparaître à nouveau jusqu’au moment où j’ai besoin de l’exprimer. L’expression en est alors rapide, nerveuse, comme si tout ce qui était contenu jusque là avait besoin de jaillir sans plus attendre, avec violence. C’est pourquoi je privilégie le geste, le trait, le rythme.

En dessin, j’utilise beaucoup le crayon à bille ou l’encre de chine et le calame tenu de la main gauche pour éviter trop de maîtrise ; parfois des repentirs donnent de la sensibilité aux traits un peu secs. En gravure, ma préférence va à la pointe sèche pour la force et l’expressivité du dessin le plus souvent très structuré. Le geste est également primordial en modelage : soit dans l’engravure et l’émaillage (travail à la plaque), soit dans la sculpture à la boulette qui permet des mouvements vifs. Peu ou pas de lissage : on lit les traces de doigts dans la terre, quitte à donner un aspect d’inachevé à la pièce.

Recherche donc essentiellement graphique et rythmique, dans l’espoir d’exprimer des sentiments trop souvent tus